Face aux défis socio-économiques actuels, l'éducation financière se présente comme une clé de voûte indispensable pour reconstruire le tissu social français.
En ces temps de crises répétées, où le pouvoir d'achat s'affirme comme le sujet brûlant au cœur des préoccupations des Français (dont 60 % souhaitent des annonces gouvernementales sur ce thème, devançant ainsi la santé et l'éducation), l'importance de l'éducation financière dans notre société est plus évidente que jamais. Pourtant, elle demeure encore largement oubliée des programmes scolaires soulignant un décalage préoccupant entre les besoins exprimés par la population et les réponses apportées par les instances dirigeantes.
Le Danemark, la Norvège et la Suède figurent toujours dans le palmarès des pays Financially literate, comprendre les plus éduqués financièrement. Dans ces pays, l’éducation financière fait partie du curriculum obligatoire dès l'école primaire, couvrant des sujets tels que le budget, l'épargne, l'investissement, et la gestion de la dette. Les résultats de l'évaluation de la culture financière de l'OCDE de 2018 confirmaient déjà que ces pays surpassaient largement la moyenne de l'OCDE en matière de compétences financières des jeunes de 15 ans. L'inclusion financière, la culture de l'épargne et de l'investissement, profondément ancrées dans ces sociétés, jouent un rôle crucial dans la promotion de l’émancipation financière. Et plus encore que les cultures nationales, les soutiens gouvernementaux sont manifestes à travers la mise en place de stratégies nationales pour l'éducation financière, comprenant non seulement des programmes éducatifs, mais aussi des campagnes de sensibilisation.
Ces nations figurent parmi les plus heureuses du monde. Coïncidence ? Peut-être. Peut-être pas. Ne serait-ce pas le témoignage de l'influence directe d'une éducation financière de qualité sur le bien-être individuel et collectif ? Le stress financier est un frein indéniable à l’épanouissement et au bien-être. Et si le fait de doter chaque citoyen des compétences nécessaires pour naviguer avec aisance dans un monde financier de plus en plus complexe, les rendait plus heureux ? Ne serait-ce pas un pari à faire ?
En France, l’éducation financière émerge doucement. Ce qui est, en soi, une très grande avancée ! L’annonce du lancement du Passeport EducFi il y a quelques jours, démontre que nous sommes sur la bonne voie et que le travail remarquable de la Banque de France porte ses fruits. En parallèle, l'initiative de la lettre ouverte au gouvernement lancée par France Fintech, à l’initiative de PixPay, illustre parfaitement la volonté des acteurs privés de positionner l'éducation financière au rang de priorité nationale. Cette démarche souligne l’engagement de plusieurs entreprises (des fintech pour la plupart) à impact social, pour une société où chaque citoyen, dès le plus jeune âge, serait armé pour affronter les défis financiers de la vie avec discernement, mais aussi avec sérénité.
Intégrer l’éducation financière à l’école est une nécessité. Mais qu’en est-il des 27 millions de salariés qui eux, n’ont pas reçu cette formation ? Quels sont les relais d’éducation financière pour les adultes ?
Très tôt j’ai perçu l’entreprise comme étant le moteur de cette révolution en France. Institution indépendante de l’État (hors secteur public), premier lien direct avec l’argent (à travers la rémunération), l’entreprise est devenue ces dernières années bien plus qu’un simple lien transactionnel. Il y est désormais question de culture, d’accompagnement à la formation, de gestion de carrière, etc.
L'observation des pratiques au sein des entreprises canadiennes, où le bien-être financier des employés est considéré comme une responsabilité partagée, nous offre un modèle d'inspiration. Ces entreprises ont compris que le bien-être financier est indissociable de la productivité et de l'efficacité organisationnelle. Cette vision holistique, qui prend en compte la santé financière comme un pilier du bien-être au travail, démontre l'impact positif d'une gestion éclairée des ressources humaines sur la performance globale de l'entreprise.
De plus en plus d’entreprises prennent le sujet très au sérieux, je n’en citerai que quelques unes ici, parmi les nombreuses à comprendre l’impact de l’émancipation financière sur leurs politiques sociales et plus largement sur la société : le Groupe Bertrand, Système U, le Groupe Franck Provost, Disneyland, Total Energies, etc. Ce sont ces acteurs qui permettent d’amener les entreprises à être perçues non seulement comme un lieu de travail, mais comme un espace d'apprentissage et de développement personnel, où chaque salarié a la possibilité de se former, de s'épanouir et de comprendre comment gérer efficacement ses finances personnelles.
Chaque jour, la question reste la même : comment amener davantage d’entreprises à intégrer des dispositifs d’émancipation financière ? Les chiffres l’attestent, ces dispositifs transforment la rémunération en un véritable outil d'émancipation, offrant à chaque salarié les moyens de réaliser ses projets de vie et de s'inscrire dans une démarche de sécurité financière durable.
Parler d'argent ne doit plus être un tabou, mais un impératif pour permettre à chacun de vivre dignement de son travail. L'éducation financière et les dispositifs d’émancipation financière doivent être envisagés comme des instruments majeurs de notre bien-être collectif, instaurant un nouveau paradigme où le savoir financier est accessible à tous, pour une société plus juste et équilibrée. Il appartient désormais au gouvernement, aux entreprises et à chaque citoyen de s'engager résolument dans cette voie, faisant de l'éducation financière le pilier d'une révolution sociale et économique en France.